[Livre] Spartacus ou le retour des temps modernes // Âme (syndicaliste) sensible s’abstenir…

Ubérisation – Et après ?, Collectif – Coordination Pascal Savoldelli. Éditions du Détour, 267 pages, 19,90 euros.

L’essor du numérique a entraîné de nombreuses mutations dans notre société, y compris dans le monde du travail. La multiplication des plates-formes, d’abord dans la livraison et les transports puis dans d’autres domaines, comme les services à la personne, a digitalisé l’économie, faisant de la flexibilité et de l’indépendance affirmées une précarité réelle.

C’est un travail collectif que l’ouvrage met en avant : politiques, sociologues, juristes, militants, travailleurs des plates-formes se sont associés pour penser ensemble des façons de résister au démantèlement du droit du travail et de la protection sociale.

Sous la forme d’articles, de témoignages, d’entretiens, c’est la question du salariat comme statut qui est posée. La disparition du patron en tant qu’être humain devant les algorithmes aboutit à des décisions unilatérales où s’installe le règne du plus fort. De plus, cette nouvelle façon d’organiser le travail engendre des problèmes de transparence, entre travail dissimulé, sous-traitance en cascade, fraudes diverses, évasion fiscale, qui dissolvent la responsabilité des entreprises. Pire encore peut-être, elle modifie profondément le concept « travail » : sur l’autel du profit, on brûle l’excellence, la qualité, la valeur de la qualification, le lien humain, l’esprit du collectif.

Cette culture de l’urgence et du clic, de l’évaluation transférée et des big data, ce refus d’une juste rémunération du travail, le choix de l’actionnaire et du bénéfice immédiat aux dépens de la masse salariale conduisent à la non-redistribution des richesses et doivent nous alerter sur la société qui se met en place et qui redéfinit peu à peu les normes.

Corinne Kefes


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